Leadership, management, “Le manque d’impertinence a des effets néfastes sur l’économie”…et sur votre carrière ?
Par Christophe Bys - Publié le 12 septembre 2014
Coach et professeur à l’école de management de Grenoble, Agnès Muir-Poulle publie aux presses universitaires de Grenoble un “Petit traité d’impertinence constructive”. L’ouvrage décrypte pourquoi il est urgent de libérer la parole dans l’entreprise et comment cette libération est synonyme d’une plus grande efficacité. Dans l’interview qu’elle nous a accordé, elle revient aussi sur le bon usage de la vitesse et sur la façon dont le management doit évoluer pour s’adapter à la société et à l’économie du 21e siècle. Son constat est radical : le caporalisme c’est fini ! Leadership, management , des skills à développer d’urgence au sein des lignes hiérarchiques dans l’entreprise !
L’Usine Nouvelle : Votre livre s’intitule “Petit traité d’impertinence constructive”. Faut-il en conclure que, comme pour le cholestérol, il y a la bonne et la mauvaise impertinence ?
Agnès Muir-Poulle : Ce que j’ai appelé impertinence constructive désigne la capacité à exprimer son avis sur un sujet polémique et à savoir entamer un dialogue fertile avec sa hiérarchie. Ce serait ça la bonne impertinence, exprimer une idée qui a pour but d’améliorer la situation quelle qu’elle soit. La mauvaise impertinence, ce serait ne pas être ouvert à la co-construction d’une solution. Ce serait partir en bataille, fermer le débat, ne pas être capable d’entendre les arguments de l’autre, ne pas chercher à comprendre un autre point de vue, juger sans connaître. (Leadership, management, être impertinent pour faire carrière ? Oui assurément selon nous ! NDLR)
Pour quelles raisons, les salariés préfèrent se taire plutôt que d’exprimer leur point de vue ? Y-a-t-il une fatalité ?
Les causes sont évidemment multiples. L’éducation à la française joue un rôle important : beaucoup de personnes ont été formatées à se taire et à se plier à l’autorité. Seul celui qui est bon élève peut s’autoriser beaucoup de choses. L’élève “moyen” qui propose une idée ou questionne est très souvent mal vu. Le résultat est qu’adulte nous avons intégré qu’il vaut mieux se taire que d’avoir une pensée différente. Un autre facteur vient de l’uniformité de la formation des élites et de la composition homogène de nombreux comités de direction, qui rendent difficile l’expression de pensées divergentes.
A cela, s’ajoutent des facteurs psychologiques bien connus : exprimer une pensée différente, c’est prendre le risque de ne plus appartenir au groupe, d’être rejeté. Or, le désir de conformité sociale est très fort chez les êtres humains : pour rester dans le groupe, nous sommes prêts à ne rien dire. Il y a aussi la peur d’être jugé négativement par sa hiérarchie. Mais ceci n’est pas une fatalité. On peut apprendre à être impertinent et constructif. J’ai rencontré des personnes qui ont fait le pas. Elles se sentent plus en paix avec elle-même, ont su tisser des relations de meilleure qualité et ont contribué à améliorer les choses.
Dans quelle mesure ce silence des personnes est-il dommageable pour les organisations ?
C’est d’abord dangereux pour les individus. Ne pas parler a un impact sur la santé et les relations. Les études montrent que le sentiment d’une faible autonomie dans le travail est une cause majeure de stress. Les entreprises aussi y perdent. Le déficit d’engagement a un impact direct sur les marges selon une étude de Towers Watson. Le déficit d’intelligence collective peut entrainer des coûts de projets démesurés. Il ne permet pas de simplifier des procédures devenues inadaptées et d’être agile. Des chercheurs ont mis en évidence le lien entre la “stupidité fonctionnelle” et la faillite de certaines entreprises. Par ailleurs, je pense que le manque d’impertinence constructive a des effets néfastes sur la capacité d’innovation et notre économie en a cruellement besoin. La France est au 20e rang des nations innovantes ! Enfin, des individus qui ne sont pas heureux dans leur travail ne parlent pas favorablement de leurs organisations, ne sont pas enthousiastes… Il y a des coûts cachés non négligeables.
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