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Un vent rafraîchissant souffle sur la planète French Tech. En direct de la Silicon Valley, François Hollande a déclaré sa foi dans l’écosystème des start-up françaises et annoncé quelques mesures encourageantes sur leur financement. L’ambiance a drôlement changé. Il y a un an, la fameuse French Tech était en vrac. Avec un pigeon pour tout emblème, entrepreneurs et investisseurs étaient au bord de l’apoplexie et menaient la fronde contre le gouvernement. « Nous avons travaillé, assure la ministre de l’Economie numérique Fleur Pellerin, et aujourd’hui nous avons un bilan et des choses à dire ».
Pour bien cerner ce concept de French Tech, il faut en discuter avec des spécialistes de la chose, comme Romain Lavault. Il a travaillé dans des grands groupes comme EADS ou Dassault Systèmes. Il a fondé des start-up et les a revendues. Depuis 2013, il dirige le fonds d’amorçage lancé par la société de capital risque Partech Ventures. Pour lui, l’écosystème dont parle la ministre est une machinerie sensible composée de quatre engrenages : le vivier de jeunes entrepreneurs, les start-uppers eux même qui constitue le cœur de la French Tech, les investisseurs en capital risque et les grands groupes. « Pour que ça fonctionne, explique-t-il, il faut que les quatre engrenages tournent à la même vitesse, sinon ça coince. En ce moment, le gouvernement essaye de mettre de l’huile dans les rouages ».
Ecoles d’ingénieurs, incubateurs, accélérateurs… le vivier d’entrepreneurs en France reste impressionnant. Et de l’avis général, le mouvement s’amplifie depuis plusieurs années : de plus en plus de jeunes diplômés rêve de fonder leur start-up. Stéphane Le Viet en est l’exemple vivant. A 34 ans, ce polytechnicien a déjà lancé deux entreprises, dont Work4Labs qu’il a en partie délocalisée, avec sa petite famille, dans la Silicon Valley – il fait partie de la douzaine d’entrepreneurs français qui ont rencontré François Hollande hier à San Francisco. « Environ 10% des jeunes diplômés français que j’ai embauchés au cours des deux dernières années ont quitté l’entreprise pour créer leur boîte », témoigne-t-il. Et les politiques pourraient aider à faire grandir encore cette fibre entrepreneuriale en fixant un cadre qui soit intéressant et rassurant pour les entrepreneurs en herbe.
L’exemple vient une fois de plus des Etats-Unis, où certains grands groupes font aux jeunes diplômés des offres d’emploi valables trois ans, histoire de sécuriser le début de parcours professionnel. « C’est au moment de la sortie de l’école qu’il faut agir, estime Bernard Mourad, à Morgan Stanley. En créant les bonnes conditions pour que les énergies s’épanouissent, on ne bride pas l’élan entrepreneurial des étudiants. » C’est nouveau, les Français admirent désormais leurs entrepreneurs. Dans une récente enquête, ils ont désigné leur patron préféré : Xavier Niel, grand frère de tous les start-uppers. « Il y a dix ans, l’entrepreneur, c’était le plombier, aujourd’hui les gens l’associent à la nouvelle économie », observe Romain Lavault. Le start-upper français moyen a travaillé ses gammes. Et cela commence à se voir, y compris au-delà de nos frontières. Jérémie Berrebi est installé depuis plusieurs années en Israël d’où il gère le fonds d’investissement Kima, co-fondé avec Xavier Niel. Avec une moyenne de deux à trois start-up financées chaque semaine, l’homme maîtrise bien son sujet et il le dit tout de go : il est possible aujourd’hui de construire une superbe entreprise depuis la France. Le problème, selon lui, c’est que 95% d’entre elles se lancent sur le marché français, restent en France et du coup, ne font pas partie de l’écosystème mondial. L’histoire de la barrière de la langue est une farce. « Il faut commencer par le monde, explique-t-il, détecter les meilleurs marchés et si la France en fait partie, se lancer en France. »